Dimanche 21 juin. C'est l'été et c'est aussi le lendemain du jour le plus long sur l'aérodrome. La nuit a été reposante mais courte, et ce matin il est temps de s'envoler pour rejoindre le 904 et la fauvette qui sont partis la veille.
La dernière semaine de juin c'est la fermeture annuelle de l'APPARAT. Bernard quelques planeurs et quelques fondus se rendent sur le Causse Méjean, à l'aérodrome de Florac Sainte-Enimie, pour une semaine de vol avec les vautours. Comme je n'y suis jamais allé et qu'on m'en a dit du bien, j'ai décidé d'y passer la journée. Et comme la route est longue, autant y aller en avion. EN plus c'est simple, peu ou pas de zone réglementée à éviter, un peu plus d'une heur de vol, et le viaduc de Millau sur le chemin pour un peu de tourisme.
Réveil à 9h, je prépare l'avion. Le plein estfait depuis la veille, les batteries sont chargées, je n'emporte pas grand chose pour la journée. Comme finalement je fais le voyage seul, il me faut attendre qu'une âme charitable et surtout réveillée me donne un cou pde main pour démarrer l'avion. Avec ou sans manivelle, le NC se démarre à deux.
Il est finalement 10h15 quand je pars, l'air est encore frais, le ciel est complètement bleu, le vent est faible.
Pour commencer, je suis la pente jusqu'à Dourgne. Je me sens en terrain connu quoiqu'un peu plus bruyant. Une fois la chapelle passée, je frôle Mazamet et dépasse Castres.
En route vers St Affrique, j'entre dans un coin que je ne connais pas trop. Mais j'ai mon log de nav, de bons points de repères et le GPS. Le sol est encaissé et donc varié et agréable à survoler. Je ne monte pas trop haut afin de profiter du paysage et je vise les 500 ft de hauteur quand le sol monte. St Affrique est dépassé un peu en retard sur l'horaire. Un coup d'œil à la vitesse sol : je vais un peu moins vite que prévu. Pas grave, je ne suis pas pressé.
Après St Affrique, c'est Millau et son viaduc. Invisible de loin car caché derrière le relief, le bel ouvrage se découvre quand on l'approche. Bien ensoleillé, il se tend au dessus du vide, avec ses piles de longueurs inégales et parfois impressionnantes. Ca valait le détour, surtout que le détour était petit.
Le sol monte un peu après Millau, il reste un quart d'heure environ. Il reste à trouver le terrain. Tout le monde m'a dit qu'il n'est pas facile à voir, au fond d'un creux et avec uniquement des pistes en herbe, il disparaît qu'un nuage le met à l'ombre. Avec le GPS ça va quand même être difficile de le rater.
Après une verticale, je vois la manche à air et m'intègre en piste 03 (il y a le choix de 6 pistes ici) et me pose en passant devant la 32 où déjà quelques planeurs sont alignés. Il est 11h30.
Au parking, je gare le NC et je descends, Martial m'accueille et me souhaite la bienvenue. Je remarque immédiatement l'activité en cours : le montage du Breguet 904. Le fuselage est encadré de ses deux ailes qui sont posées au sol. Bernard est sur la place arrière, en train de diriger la manœuvre. Bon, quand faut y aller...
C'est un peu long mais ça se fait. Ces vieilles machines, ça n'écoute pas quand on leur parle. Le branchement des commandes se fait bien, c'est Jean-Claude qui s'y colle et je vérifie.
Puis c'est l'heure du repas. Riri aux fourneaux, c'est parti pour une semaine de régime. Ce midi c'est confit et frites. Salade et melon aussi, quand même. Et on boit de l'eau bien sûr, car cet après-midi on vole. A la répartition des machines, je tente l'obtention d'une place en 904 et je réussis. Je vais enfin découvrir le coin.
Le temps d'emmener les planeurs en piste et Jean-Claude m'explique les pistes et les points de repère. La colline Anne-Marie, la pente de Nivoliers. La piste en service est la 32 avec un peu de vent de travers mais une trouée au décollage plus confortable qu'en 03.
On s'installe, on décolle, et on trouve un thermique très vite. Le plafond est à 2600 m environ avec un sol à 930, il y a de quoi se promener autour du causse.
Première direction : l'Aigoual. Puis on suit les gorges du Tarn vers le Rozier, la Malène, Ste Enimie. 1h40 de vol en tout quand on se repose sur le terrain. Quelques vautours bien sûr, et de belles photos.
Au sol, c'est Bernard qui repart dans le 904. Pour ma part je me prépare à repartir, il est bientôt 18h et je ne veux pas traîner. Le temps de relancer l'avion, de dire au revoir, je remonte la piste 32 juste à temps pour faire coucou à Bernard qui vient de terminer son court vol de relâcher. De toute la puissance du Walter, je m'envole vers la Montagne Noire.
Le trajet inverse est comme l'aller, mais dans l'autre sens. Sauf que je sais depuis un moment que je n'arriverai pas au bout. La jauge de carburant m'indique que j'ai raté mon bilan carburant et que je ne peux pas rentrer d'un seul tenant. EN tout cas pas sans manger la marge des 20 minutes prévues par la réglementation. Et c'est mal de jouer à ça. Le plan est donc d'arriver à Castres, de s'y poser, et d'aviser. Seul souci : la ompe à essence de Castres n'est ouverte que quand les pompiers sont là, et c'est en semaine. Et bien je garerai l'avion, j'appellerai Steph qui habite à Castres pour me ramener à ma voiture, et je reviendrai demain lundi pour terminer.
Là où c'est intéressant, c'est que la tentation de continuer et de bouffer la marge de 20 minutes est assez pressante. C'est facile de se dire qu'on va arriver au bout et que ce sera plus simple pour tout le monde. Je vois bien ce qu'est cet effet tunnel qui conduit aux grosses erreurs : on se persuade que ça va passer, que tout sera vite oublié, on ne raisonne plus logiquement. Oui mais non, on ne joue pas, et je me pose.
En plein dans le circuit de piste, j'entends un avion qui se gare à la pompe. Serait-elle ouverte finalement ? On verra bien, de toute façon j'y vais. A la pompe il n'y a personne, mais je vois un avion garé devant l'aéroclub. Je coupe le moteur et je descends. Il y a deux personnes au bar. Bonjour !
Je raconte mon histoire, et loin de se moquer les deux pilotes essaient de m'aider. En plus j'ai un avion rare, ils ont reconnu immédiatement d'où je venais et la sympathie pour le musée joue en ma faveur. Puis-je aller voir les pompiers qui ont la clé de la pompe ? Non il ne sont pas là. Est-ce que j'ai des sous pour payer ? Oui j'ai un chéquier. Du coup ils acceptent de faire le plein sur la carte du club, et je leur paie ce qui est sur la facturette. Génial. Evidemment je me dois de leur payer un coup (ce sera un soda pour moi) et on discute un peu. L'un des deux est suisse, l'autre est connu dans la région, il me parle de son projet de centre d'activité autour du vent. Je leur parle du musée et de l'aérodrome.
Il est temps de repartir, et comme il se doit ils m'aident à démarrer l'avion. Après accélération sur la piste, je leur bats des ailes en signe de remerciement et je mets le cap sur LFMG.
A la Montagne Noire, les planeurs sont en train d'être rangés. Un petit passage en piste 21 pour saluer tout le monde et je range l'avion dans le hangar. Nettoyage, houssage, papiers, c'est enfin fini juste avant le coucher du soleil. Le weekend s'achève.
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